Voilà plusieurs décennies que Germain Roesz ne cesse d’interroger la peinture, de la réaliser dans son époque en convoquant toutes celles qui l’ont marqué. 

Il y a la lecture de Grünewald, de Konrad Witz, de Philippe de Champaigne, de Chardin, de Monet et de toutes les aventures des avant-gardes. De ces lectures il garde la volonté de faire une œuvre singulière, hors des sentiers battus et en revendiquant toujours la liberté (de dire, de faire) qu’il a énoncé dans de nombreux écrits aussi.

Dans les dernières années son interrogation continue est portée sur les constituants de la peinture (la leçon de certaines avant-gardes) mais surtout sur des propositions qui permettent pour aujourd’hui (dans ces temps de vitesse sans histoire, de flux sans différenciation) d’inscrire la peinture dans un temps de réflexion, de silence. Il fait cela en trouvant au cœur même des procédures une manière de toucher le regardeur, de lui faire comprendre que dans la matière, dans les tracés, dans les froissages (et les pliages) une vie est engendrée qui fait aussi et surtout une mobilité de l’esprit.

La part belle de la couleur par laquelle se construit le tableau, le pliage qui depuis les années 70 est une procédure constitutive de son travail, la texture qui fait vibrer comme une eau frémissante, comme un ciel changeant sont parmi les modes d’énonciation de son travail. Il s’agit d’une abstraction allusive qui fait sentir la chaleur, le froid, le tonnerre, le grondement du monde sans jamais les illustrer.

Il s’agit d’une alliance entre le chaos et l’ordre, le minéral et l’organique. Il s’agit d’ouvrir à tout ce qui manque les portes de l’inconscient et des désirs jubilatoires. 

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