20 artistes français et allemands exposent leur travail autour du dessin
20 artistes français et allemands exposent leur travail autour du dessin
Une certaine clarté fait voir que la surface est un abîme
François Jacqmin
Je trouve incroyablement parlant la relation de la texture noire avec le geste violent qui caresse et déchire presque le papier. Ce noir d’un regard qui fouille ce qui en émerge et ce geste qui se fait dans une sorte de cécité absolue, de transe qui bien entendu dit aussi ce qu’il en est de la danse du corps, sont dans la dimension iconique du travail. Je voudrais développer cette idée d’un voile qui se pose à chaque fois sur une surface modifiée, mais un voile que l’artiste soulève de suite, arrache, détache, puis recouvre d’un autre voile. On sait bien que l’activité picturale est de l’ordre de ce recouvrement, mais ici c’est comme s’il fallait, à chaque fois, en revenir à l’origine. À l’origine du support aussi, mais peut-être bien pour en détacher ce qui est le fruit de l’action du peintre. Appelons cela la suspension de l’évènement qui est placé dans un espace presque irréel. C’est sur un papier blanc, avec des qualités différentes et choisies (japon, arches, fin ou épais) qui réceptionnent les matières de manières bien différentes, que cela se joue. Le peintre s’adapte, le peintre écoute (avec la paume de la main) ce qui déchire la texture. Il exprime cette attention ultime qui fonde évidemment la dimension poïétique de son travail. Le voile se fait et se défait à chaque étape comme le signe d’une révélation qui révèle à l’artiste son propre chemin. Il frotte la surface avec rage, dans la nécessité physique de la répétition, comme si chaque geste se sédimentait dans l’effacement provoqué. Dans un tel projet nous revient l’exemple Erased de Kooning drawing (1953) de Robert Rauschenberg effaçant un dessin de Willem de Kooning. Cet effacement informe de l’hommage qu’un jeune artiste rend au maître, mais bien sûr évoque aussi la signification de la continuité et de la rupture (prendre ses distances avec l’œuvre qui précède et affirmer une nouvelle époque). Mais plus encore c’est dire que rien ne s’efface jamais totalement. La mémoire est dans les traces qui restent, et les gestes qui gomment sont eux-mêmes traces et soumis à des traces qui se superposent. Bien sûr, cet acte fit scandale (bien que de Kooning avait accepté de confier ce dessin à ces fins). Si je prends cet exemple c’est que Michel Cornu, dans cette direction parallèle, efface sa propre production pour en donner une figure nouvelle. Il n’est évidemment pas dans la posture duchampienne de Rauschenberg, mais il montre -à sa suite- que l’effacement (qui est production négative ou corrective si l’on pense à la manière dont Matisse corrigeait les formes, les courbes, les ellipses) est un acte de création à part entière. Il faudrait citer Maurice Fréchuret qui a consacré une longue étude à ces questions. Chez Cornu, effacer conduit à révéler. On peut ainsi proposer un autre exemple qui cherche à révéler le point de départ, l’écran blanc du cinéma. Je pense à Hiroshi Sugimoto qui photographie en long temps de pose les salles de cinéma pendant qu’un film se projette. L’accumulation des images, cette saturation donc, produit à la fin de la captation un blanc violent. Addition de toutes les nuances, de toutes les couleurs, de toutes les figures pour accéder simplement à la lumière. Révélation est donc un autre terme qu’il faut ajouter au lexique artistique de Michel Cornu qui cherche une sorte d’invisible, de non encore aperçu (sa méthode est la superposition et l’effacement), qui montre pour s’en étonner la lumière apparaissante et disparaissante dans une sorte de matière noire. C’est aussi un linceul, dans tous les sens du terme, qui donne la vera icona de la matière.
Germain Roesz, mai, juin 2019
2009
Art Paris
Art Lilles
Editions Bucciali
Art Karlsruhe
Art Bruxelles
Art Elysée
Galerie Nicole BUCK
St'art et galerie
2010
Galerie Nicole Buck
Art Paris
Editions BUCCIALI
Lézard Colmar "Tourments et Passions"
Editions BUCCIALI "32 variations"
Colmar Cloître de la bibliothèque "Pages de pierres"
2011
St'art Bucciali
Galerie Nicole Buck
Karlsruhe Galerie Zaiss
2012
St'art Bucciali
Art élysées
Galerie Nicole Buck
Galerie ZAISS Art Karlsruhe
2013
St'art Bucciali
Art élysées
Galerie Nicole Buck
Galerie ZAISS Art Karlsruhe
2014
St'art Bucciali
Art élysées
Galerie Nicole Buck
Galerie ZAISS Art Karlsruhe
Colmar et Galerie Troncin Nancy
2015
Art Karlsruhe galerie Zaiss
Galerie Nicole BUCK
2016
Art Karlsruhe
Art Basel Miami Lise Braun
2017
Art Karlsruhe
Le couvent des Dominicains
Paris
Art Basel Miami
Lise Braun
Art Paris Grand Palais
Lise Braun
2018
Art Karlsruhe Galerie ZAISS
Art Paris Grand Palais
Lise Braun
Galerie Nicole Buck
Galerie CEPAGRAP St Dié
2019
Art Karlsruhe Galerie ZAISS
Art Wynwood Miami
Lise Braun Drusenheim
Galerie Nicole Buck